Interview : Cécile Seraud

Musique instrumentale

Sorti en octobre, Shoden est le 1er album de la compositrice lorientaise Cécile Seraud. Pour en savoir plus sur son parcours et ses compositions au piano, nous lui avons posé quelques questions.

 

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Photo © Cédric Raylet

 

Interview

Vous avez une formation musicale, diplômée du conservatoire après une formation à la guitare classique.
Comment vous est venue l’idée de composer des titres au piano ?

J’ai effectivement fait tout mon parcours de conservatoire en guitare classique. Je n’ai jamais eu envie d’entendre les airs que je composais sur une guitare parce que la musique que je crée est avant tout mélodique.

L’instrument roi en la matière est le piano. J’ai donc toujours été accompagnée de mélodies que j’ai eu l’immense joie de poser sur un piano le jour où je m’en suis acheté un.

La personne qui me l’a vendu ce jour-là m’a dit la larme à l’œil qu’elle sentait que son piano serait entre de bonnes mains. Elle a dû ressentir mon envie, mon amour pour l’instrument alors que j’étais encore complètement novice.

 

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Photo © Cédric Raylet

 

Récemment, vous avez décidé de vous consacrer à la musique.
Quel a été le déclic ?

Le déclic a été l’arrivée du piano chez moi. Il s’est passé quelque chose de magnétique, une seconde venue au monde, une seconde lecture du monde.

Et puis comme un vertige aussi, celui que l’on ressent devant l’immensité de la tâche à accomplir. Une force évidente me poussait toujours et la musique venait de plus en plus me rencontrer, même au creux de mes rêves. C’était comme une ébullition, comme une porte qu’on ouvre alors qu’elle est restée fermée trop longtemps… Il a fallu aussi que j’apprenne à dompter et à canaliser cette énergie.

 

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Comment s’est passé l’enregistrement de l’album Shoden ?

Sylvain Texier m’a apporté du calme, de la confiance et de la sérénité. Sa modestie et sa juste réserve m’ont guidée jusqu’au bout de l’album.
Il m’a accueilli simplement chez lui, dans la chambre de son bébé, pour deux jours et demi d’enregistrement. C’était assez incroyable, nous sortions du premier confinement , Sylvain a du déloger sa femme , sa fille et son bébé pour l’occasion .

L’après-midi qui m’a le plus marquée est lorsque nous avons enregistré Shoden III. Il faut imaginer cette petite chambre comme un cocon de douceur, meublée d’un côté d’un lit bébé et d’une commode, mobile , turbulette et tétine, de l’autre le piano puis encore l’ordinateur et tout le matériel d’enregistrement , les micros, une couette ajoutée au centre pour « ouater » le son et puis nous, dans ce tout petit espace, Juliette (violoncelle), Sylvain et moi … perdus derrière nos masques ! J’étais trop intimidée et concentrée sur mon travail mais j’ai regretté vraiment de ne pas avoir pris de photo. J’aurais voulu immortaliser ce contraste entre la froideur technologique, le port des masques et la douceur du lieu, la maternité suggérée , la beauté que nous tentions d’atteindre par la musique… Cela m’a beaucoup émue. D’autant que Shoden III raconte une sorte de fin du monde ou du moins de la beauté du monde, le violoncelle y représente la voie humaine, implorante et sublime dans sa volonté d’être une dernière fois entendue… Et cette note d’espoir pourtant, à la toute fin, ce papillon qui virevolte au piano, seul, promesse d’un renouveau et qui clôt le morceau. Le réel devenait allégorique. Il valait mieux en sourire…

 

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Photo © Cédric Raylet

 

Dans vos références musicales, on retrouve Yann Tiersen, Mum, Sigur Ros, Arvo Pärt (Spiegel im Spiegel), Ólafur Arnalds, Chopin, Satie, Philippe Glass.
La musique de quel artiste vous touche le plus ?

Si je devais n’en garder qu’un seul, ce serait Ólafur Arnalds. Je trouve sa musique d’une finesse et d’une grâce exceptionnelles.
J’adore les morceaux qu’il a réalisés dans Island Songs : Öldurót st sans doute mon préféré. Il raconte là une beauté absolue, Il atteint la dimension du sacré. Mais je tricherais volontiers aussi en joignant Chopin et Ólafur Arnalds à travers cette magnifique reprise Reminiscence qu’il interprète avec Alice Sarah Ott au piano.

 

 

À travers ses atmosphères sonores, votre album Shoden nous donne l’impression de voyager.
Pourrait-on imaginer, par la suite, voir cette musique mise en scène avec des visuels ?
Sous la forme de ciné-concerts par exemple ?

Votre question rejoint mon désir de porter mes musiques à l’écran. Ce qui me plairait ce serait de composer pour le cinéma . J’ai déjà fait l’expérience de mêler mes compositions au théâtre en jouant sur scène, c’est une expérience fabuleuse. Mélanger mes émotions à celles portées par les acteurs est une expérience très forte et que je souhaite absolument renouveler.
Alors des ciné-concerts, pourquoi pas!

 

 

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