Saison 8 de Lazuli
Rock progressif français
Je désire absolument vous parler de ce dernier album de ce groupe qui me retourne le cerveau à chaque écoute, Lazuli : 8ème album, sobrement intitulé Saison 8, pour nous offrir 8 morceaux.
Après l’excellent Nos âmes saoules sorti il y a deux ans, le challenge était de taille car il est toujours difficile artistiquement de présenter une nouvelle œuvre, non pas pour faire oublier la précédente, mais au contraire pour continuer sur sa voie sans se désavouer, ni se répéter, ni même décevoir le public, avec inspiration et envie.
Pari réussi pour nos cinq amis venus du Sud, leur patte est restée intacte, leur propos un peu moins énervé et progressif, de ce fait l’ambiance générale me rappelle un peu leur album 4603 battements d’il y a quelques années, l’atmosphère plus acoustique, plus intimiste même, on trouve moins d’envolées mélodieuses Léode/Guitare à l’unisson – mais pas d’inquiétude, le duo Claude/Gederic fait toujours des éclats sur tout le disque -, moins de rythmiques pêchues de claviers, comme pour ressentir plus de finesse et de douceur.
J’attends un printemps est une belle entrée en matière, le piano classieux de Romain et le chant voluptueux de Dominique en harmonie, presque chorégraphique dans les mouvements de notes, évolue modestement pour arriver au refrain, entêtant et posé, jusqu’à la fameuse communion de tous leurs talents réunis. On est bien, là…
Impliquée pour la défense de notre environnement mais sans donner de leçon, comme un constat réel et alarmant, Un linceul de brume est une chanson belle et calme, mélodieuse malgré le caractère sombre des textes sur la pollution de l’air, jusqu’à une belle montée finale, inattendue, déroutante qui voit Vincent, l’excellent batteur/percussionniste jouer de la double grosse caisse comme un vrai métalleux et qui apporte à l’osmose une puissance rythmique que l‘on ne lui connaissait pas encore.
La nostalgie étant chère à Dominique Leonetti, principal auteur compositeur du groupe, Mes amis mes frères nous conte un souvenir d’enfance de deux amis, ou deux frères (peut-être en référence à son frère Claude qui tient la Léode à ses côtés, instrument conçu spécialement pour lui, avec brio et originalité) ; un peu « road trip » à la Handful Of Rain de Savatage et quelques atmosphères rappellent même les plus beaux moments du Road Salt des Pain of Salvation.
Puis une pincée de piano contemporain et aigu, la voix de Dominique faisant à nouveau frissonner nos sens en éveil, Les côtes se révèle telle une valse moderne, un peu leur marque de fabrique, traitant de la pollution des mers et des océans, nous fait voyager comme souvent sur les ondes harmoniques et progresse jusqu’à un nouveau final progressif excellent.
Le morceau suivant, Chronique canine, est très déroutant à la première écoute mais se révèle être un chef d’œuvre littéraire, jamais à ma connaissance un texte de chanson n’a aussi bien parlé des animaux, de leur condition de « bête » par rapport aux humains, et de la façon dont on peut les traiter. La musique semble en effet un peu glauque mais cela nous force à réaliser la triste vérité, que le meilleur ami de l’homme est parfois le souffre-douleur de certaines personnes ; et que le chien, ou tout autre animal, n’est pas un jouet ni un passe-temps qu’on peut abandonner du jour au lendemain quand on en n’a plus envie, mais bel et bien un être vivant, alors pourquoi le faire souffrir ainsi… Chapeau bas pour ce texte plein d’émotions et de vérité.
À peine plus gai et rythmé, Mes semblables avait déjà été dévoilé l’année dernière en avant-première sur certaines scènes, on revient là à une musique plus classique et tout aussi efficace, mélodies et ambiances de qualité toujours présentes et bourrées d’entrain.
De deux choses lune, avec ce martèlement répété de fines percussions, rappelle un peu le Mama de Genesis ; les jolies lignes de chant de Dominique n’ont de cesse de nous transporter vers des cieux plus purs, et je me mets à penser à des choses un peu plus douces et colorées qu’à mon habitude. Très beau morceau, qui annonce une nouvelle perle, Les 4 mortes saisons, toute acoustique, qui clôt ces quarante-cinq minutes de majesté suspendue, très beau dénouement, doté de cette voix magnifique, et une belle poésie mélancolique sur la condition de l’être humain, sa place dans les villes et sa relation avec la nature…
Ce disque est qui plus est mis en valeur par un beau packaging, couleur ocre assez unique, le livret contient les paroles des chansons et est agrémenté de photos des musiciens et de dessins, comme les traits d’un souvenir, comme si le temps avait eu raison de certains événements et émotions, un passé intense mais presque oublié. Comme le refrain de Mes amis, mes frères : « Levons nos verres, mes amis, mes frères, au temps révolu et à nos enfances perdues… »
Pour les avoir vus à nouveau il y a peu en concert, j’ai réalisé que les morceaux passent très bien la scène, malgré mes premières appréhensions quant au caractère assez introverti de l’ambiance générale.
Ce 8ème album est une fois de plus un coup de maître et une belle œuvre artistique. A quand une plus grande diffusion de cette musique, ne serait-ce que pour relever le niveau général musical de notre pays ? Quand on sait le carton qu’ils font hors de nos frontières et la notoriété sans cesse grandissante acquise dans une bonne partie de l’Europe… Qu’attend-on pour promouvoir et diffuser nos artistes qui sortent de l’ordinaire et restent de ce fait dans l’ombre alors qu’ils méritent tant la lumière ???
Autres albums conseillés : 4603 battements, Tant que l’herbe est grasse, Nos âmes saoûles, DVD Nos âmes saoules live 2016, DVD Live @ L’abeille rôde.
Pour en savoir plus
Site officiel du groupe Lazuli