Festival Rock au Château

Retour sur l’édition de ce festival le samedi 4 août 218 à Villersexel

Après notre périple Metal de La Guerre du Son il y a peu, nous revoilà ma compagne Jena et moi-même sur les routes franc-comtoises pour une seule soirée au Festival Rock au Château à Villersexel, pour une musique un peu plus calme que le premier.

 

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Nous venons voir essentiellement Marillion, groupe mythique de rock progressif…

… et chef de file du style depuis quatre décennies maintenant, même s’ils s’en sont quelque peu détournés parfois, le dernier album en date F.EA.R. est un condensé de ce qu’on peut faire de plus neo-progressif actuellement, morceaux à tiroirs déclinés en plusieurs parties, suite de plans mélodiques sans couplets ni refrains à retenir, un petit voyage musical auquel il faut adhérer à chaque note et changement de rythme, un test de bravoure artistique s’il en est…

L’âge d’or du groupe étant hélas passé depuis quelques années, tous leurs albums sortent néanmoins régulièrement et restent de grande qualité, les plus intéressants de ces derniers temps sont sans nul doute Somewhere Else, Happiness is the Road et l’avant dernier et majestueux Sounds that can’t be made. Malgré leur talent toujours actif, ils ne pourront jamais faire oublier leurs chef-d’œuvres que furent en leur temps Season’s End (où l’on découvrait leur nouveau chanteur transcendant Steve Hogarth, remplaçant avec brio le pourtant charismatique écossais Fish qui quitta le groupe pour une carrière solo qu’il continue toujours à ce jour), Brave, Afraid of Sunlight et l’excellent Marbles qui les a fait renaître de leurs cendres en 2004, à une époque où ils s’embourbaient dans une pop alambiquée plus ou moins réussie, tentant coûte que coûte de séduire de nouveaux fans, hélas en vain, la faute à une diffusion peu commerciale et pas assez fédératrice.

On peut également citer l’époque des années 80, avec leur premier chanteur Fish donc, et les disques conceptuels Misplaced Childhood et Clutching at Straws (vous souvenez-vous des fameux tubes Kayleigh et Incommunicado ??? C’était Marillion…)

Mais revenons au festival et son cadre magnifique, le château de Villersexel et ses extérieurs. La scène se tient bien en face de l’édifice imposant du XIXème siècle et on ressent un certain respect par rapport à la musique qui va nous envelopper les sens dans quelques minutes.

 

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Jack Dupon / Ashby

 

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Nous arrivons pour la prestation des allemands du groupe Ashby, – juste après le rock psychédélique des Jack Dupon en guise d’apéritif -, jeune formation dynamique évoluant dans un style assez rétro, certains sons faisant carrément penser à du vieux Marillion, Pink Floyd ou encore Arena.

 

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Mention spéciale pour la chanteuse Sabina qui semble habitée et chante merveilleusement avec feeling et puissance non contenue, accompagnée d’un groupe qui tient la route haut la main techniquement.

 

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Le groupe Ashby détient un gros potentiel, s’il pensait à s’écarter de ce style un peu vintage pour partir sur des sons et des morceaux plus actuels, il n’en sortirait que du mieux…

 

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Nous saluons des connaissances et des amis, entre autres Nelly que nous n’avions pas revue depuis des années, et dont les superbes photographies ornent mon modeste récit que vous lisez actuellement.

 

Karcius

 

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Le groupe Karcius entre en scène et le chanteur nous met dans sa poche avec un sympathique  » Comment ça va, cousins Français ?  » … Très malin ! Mais c’est également leur musique qui nous charme, un bon rock prog typé années 90 avec quelques sonorités modernes, parfois metal, une section guitare batterie très en forme, un claviériste talentueux et dynamique (ah les sons d’orgue Hammond… mais sur un clavier Nord Stage très typé, un peu sec comme sonorités, manquait une petite cabine Leslie pour réchauffer tout ça…) et un bassiste/chanteur vocalement puissant doté d’un timbre très chaleureux et haut en couleurs.

 

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Les québecois nous en mettent donc plein la vue, semblant nous dire  » Nous aussi on sait jouer du prog’, et peut-être mieux que vous  » – je dis cela sans animosité mais il faut reconnaître que les groupes prog français restent typés  » français « , déjà par la langue de Molière parfois rudement interprétée, étrangement perçue et par un style qui revient assez souvent au même pour la majorité des groupes. Karcius a ce petit « plus », cette patte américaine, du moins anglo-saxonne et le chant en anglais qui fait tout la différence… Non contents de nous avoir ravis avec leur show, ils terminent avec un bon Have a cigar des Pink Floyd, accompagné avec brio par le guitariste/chanteur Pat o’May. Quelle belle prestation, cousins canadiens !

 

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Marillion

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Même pas le temps de dire bonjour à Renaud du très bon magazine Koid’9 (le fleuron de la presse prog en France !) qui a tous les ans un stand sur le site (mais qui est introuvable !), les premières notes de l’album F.E.A.R. résonnent déjà dans les enceintes qui, soit dit en passant, diffusent depuis le début une définition sonore de qualité, une finesse dans l’ensemble très agréable pour nos sens en éveil. Bravo les techniciens et Alain Roy, – avec qui nous avons travaillé par le passé -, pour ce matériel et ce confort haute définition. Les cinq anglais semblent ravis d’être à nouveau en France, Jena et moi ne boudons pas notre plaisir (est-il utile de dire que toutes les femmes sont amoureuses du beau Steve H et son charisme en effet perturbant ???), car nous tentons à chacune de leur tournée française de les voir au moins une fois. Cela faisait 6 ans, et c’était bien trop long.

 

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Autant par le passé j’ai été transcendé par la magie de la voix de Steve Hogarth, et il arrive encore à me provoquer des frissons incontrôlés, autant je réalise qu’il y en a un qui s’éclate et qui joue de mieux en mieux d’année en année, c’est Pete Trewavas, sa basse en avant dans le mix, et qui se permet de changer ses lignes en pleins morceaux (Quartz, Three Minute Boy, The Leavers..) et nous assène un peu de slap par endroits bien maîtrisé, ce qu’il ne fait que très (trop !) rarement. Tout cela en assurant, avec Mark Kelly, toutes les doubles voix avec qualité et présence scénique dynamique et tout en sourire. Ian Mosley reste quant à lui imperturbable derrière son kit batterie, toujours aussi fin dans sa frappe, toujours aussi discret lorsqu’il le faut et efficace lorsqu’il le faut aussi. Clavier et guitare en osmose, Steve Rothery est toujours aussi majestueux dans ce son bien typique qui nous transporte et Mark Kelly reste également impérial, dans les sons classieux de ses claviers et dans son stoïcisme.

 

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Steve Hogarth, qui avait bien commencé le show, se trouve à sentir quelques problèmes de retour de sons et surtout de voix dans les aigus, assez récurrents depuis quelques années, mais l’âge (après les maladies ORL) est le plus grand ennemi de tous les chanteurs de la planète, hélas même pour les plus talentueux. N’en déplaise aux grincheux, nous savons tous que Steve est un chanteur hors normes et exceptionnel et, à l’instar d’un Ian Gillan (Deep Purple) ou d’un Steve Walsh (Kansas) qui peinent à garder leur magnifique voix d’antan, il continue de nous faire rêver avec cet organe vocal unique, son univers habité (très bien rendu sur les photos de Nelly), ses mimiques pittoresques et ses instruments divers (guitare, clavier et batte de cricket musicale). Vous êtes un roi de l’émotion, Mr Hogarth, j’ai un respect infini pour vous.

 

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Que dire des morceaux ?

La setlist est très éclectique, pour notre plus grand bonheur, car ils ont réussi à presque nous faire un passage de tous leurs albums avec un titre puissant à chaque fois. Hélas, pas de trace des albums Marbles, This strange Engine, Happiness is the road ni Somewhere Else, mais nous avons droit à des perles rares qui nous remettent dans l’ambiance des différentes époques du groupe (enfin, pour ceux qui les suivent et les connaissent un minimum..). Après avoir arpentés leur dernier opus avec Eldorado et The Leavers (première partie), ils nous balancent Quartz, superbe chanson tiré de l’album Anoraknophobia, toute basse en avant et à l’aide de ce balancement de notes lancinant et groovy, ils font durer la fin du morceau plus que prévu et enchaînent avec Power de Sounds that can’t be made, rien de moins que l’un des meilleurs morceaux de cet album.

 

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Leur chef d’œuvre Brave sera mis en avant avec Mad (choix étrange sur ce morceau très prog’ à 7 temps…) et plus tard le magnifique et enchanteur The Great Escape, dont le public reprendra avec bonheur et nostalgie les paroles émouvantes (Brave est sorti en 1995…). Les larmes me montent aux yeux lorsque j’entends les premières notes de The Party (album Holidays in Eden), chanson que je n’avais pas réécoutée depuis l’époque où je la reprenais avec un de mes anciens groupes, Lifeseeker… Quelle mélodie, quelle voix, quelle finesse d’interprétation, je me laisse bercer par cette magie et même la voix fatiguée de Steve sur les poussées de fin n’entachent pas mon bonheur, c’est beau tout simplement.

 

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Encore plus beau, Seasons end, qui n’a pas pris une ride malgré les 30 ans passées depuis la sortie de l’album du même nom (un joyau pour celles et ceux qui voudraient en apprendre plus sur la musique du groupe !), ses claviers magistraux très présents qui enveloppent nos sens de douceur et de volupté, et sa guitare mélancolique, faisant pleurer ses notes, avec parcimonie et justesse incroyable.

 

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Séquence nostalgie toujours avec le très mélodieux Afraid of Sunlight, les deux Steve impériaux avec leurs guitares, et Pete foudroyant l’assistance de ses notes de basse incroyablement précises. Avant le dantesque The Great Escape dont j’ai déjà parlé, Three minute boy (album Radiation), très rarement interprété depuis quelques années, pointe son nez, comme un instant de patience suspendu dans l’air avant l’effusion d’émotions programmée pour la suite.

 

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Le groupe salue la foule et se retire une première fois, sous les acclamations et les demandes d’un public tout acquis à leur cause, et les rappels seront inoubliables, du The Leavers en entier interprété tout en douceur et intimité aux perles antédiluviennes que sont Sugar Mice (album Clutching at Straws, 1987) et Garden Party (Script from a jester’s tear, 1983 !!), Hogarth ayant toujours pris soin de ne jamais copier le chant et l’univers de son prédécesseur…

 

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Encore une monumentale claque que ce show de Marillion, quand je pense à tous ceux qui n’ont pas la chance de connaître ce groupe, présent dans nos vies depuis le début des années 1980 tout de même, je me dis qu’il y a vraiment beaucoup de travail à faire encore pour diffuser la meilleure musique qui soit, et pour cela éradiquer la merde environnante de ces dernières années qui pourrit nos oreilles et nos cerveaux à grands coups de bruits électroniques, voix trafiquées à l’auto-tune et manque général d’inspiration et de créativité. Merci Rock au Château, merci Marillion !!! Pour toujours dans nos cœurs !!!

 

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Citons tout de même les groupes du lendemain, même si nous n’étions pas présents, Karma Rassa (excusez mon ignorance pour ce groupe..), Motis (des régionaux très talentueux), Gens de la Lune (dont le mythique claviériste d’Ange et organisateur de l’événement Francis Décamps) et Anekdoten, aux dires de certaines connaissances, c’était une soirée mémorable, également de très grande qualité. À l’année prochaine !

 

Crédit photos © Nelly C

 

Pour en savoir plus

Site officiel du festival Rock au Château

 

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