Les cafés littéraires
Un livre de Gérard-Georges Lemaire
D’hier à aujourd’hui, beaucoup d’auteurs, en dilettante ou accomplis, ont eu le plaisir de se retrouver à écrire dans un café et encore mieux à y parler littérature. Mais d’où vient cette création des cafés littéraires où les idées fusent dans toutes les têtes et où le regard s’agrandit face à des échanges parfois aussi intéressants que dithyrambiques ?
C’est ce que propose le livre de Gérard-Georges Lemaire dans un très bel ouvrage réédité et complété en 2016 par les Editions de la Différence. L’auteur y expose, dans pas moins de 600 pages, la naissance des cafés littéraires et présente leur évolution au fil des siècles. Il relève cependant dans son introduction que ce livre ne doit pas être considéré comme une encyclopédie car toutes les données relatives au sujet n’y sont pas retranscrites et que de nombreuses recherches sont encore à effectuer. Que cela soit donc dit, les cafés littéraires n’auront de cesse de faire parler d’eux car ils ont encore une belle histoire à construire.
Le livre fait montre d’une construction chronologique à la fois dans le temps et dans l’espace très détaillée. Nous découvrons d’abord l’Orient, puis Paris, pour enfin voyager dans toute l’Europe.
Il faut savoir que le terme de café littéraire n’est pas apparu d’un coup d’un seul. Vous me répondrez : évidemment, ça, on s’en doutait. Le premier café littéraire, en tout cas, son ébauche, est né en Orient au XVIème siècle et plus particulièrement à Istanbul avec l’apparition concomitante du café qui se démocratisera au fur et à mesure. Cette boisson a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses contestations à l’époque, certains le considérant comme une drogue.
D’abord lieu d’échanges sur la pluie et le beau temps et lieu de jeux, voir parfois lieu de débauche, le café va évoluer, attirant de plus en plus de personnes érudites. La décoration sera le plus souvent sommaire mais évoluera au fil du temps vers quelque chose de confortable et d’aéré. Par la suite, ils apparaîtront et gagneront leur lettre de noblesse dans le Tout Paris, les grands noms de la littérature s’y retrouveront pour parler du quotidien, de la politique, de la littérature.
L’apparition des cafés littéraire fut compliquée en raison de leur caractère nuisible établit par les politiques, les législateurs mais aussi les médecins qui tentaient de contraindre la consommation du café. Ce sera d’ailleurs, la médecine qui freinera cette dite consommation mais chemin faisant, il sera reconnu que le café a plus de vertus que nous le pensions. C’est ainsi que le premier café parisien va s’instaurer dans les années 1700. Le café Procope. De ce premier établissement, d’autres suivront et ne seront pas à confondre avec les cabarets qui avaient la plupart du temps mauvaise presse. Pour autant, le café littéraire sera craint et surveillé notamment lors de la Révolution française car c’était surtout dans ces lieux que les grands noms de cette époque se retrouvaient pour échanger sur le pouvoir en place, en utilisant des noms de codes. Montesquieu considérait d’ailleurs ces lieux dangereux car ils « échauffaient sérieusement la cervelle ».
Chemin faisant, les cafés vont perdurer et vont connaitre une véritable consécration dans le milieu des années 1800. C’est l’époque de Balzac, de Baudelaire, de Zola et de bien d’autres écrivains encore. C’est une richesse des idées, un centre névralgique de la création littéraire qui fait encore aujourd’hui toute la beauté de la capitale française en passant par Montmartre, Montparnasse, Saint-Germain-Des-Prés.
Après avoir voyagé en Orient et à Paris où le lecteur est invité à flâner dans les plus beaux quartiers de la ville, l’auteur nous amène enfin en Europe, découvrir d’autres cultures, d’autres artistes. Sont ainsi mises en avant des pays comme l’Italie, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, l’Allemagne et bien d’autres encore. Et c’est une véritable invitation au voyage que nous offre l’auteur.