Exposition de Steven Mazé à Lorient
Des poissons, des machines, des hommes…
Jusqu’au 8 avril, l’artiste Steven Mazé vous présente des oeuvres graphiques portant sur l’industrie de la pêche à la galerie Keroman à Lorient.
Quelques mots sur Steven Mazé et son exposition
Né à Rennes en 1970, Steven Mazé a poursuivi pendant 4 années des études en arts appliqués à L’ESAG à Paris.
Il a organisé diverses expositions dont plusieurs consacrées à des reportages graphiques effectués dans des usines agroalimentaires, telles que la conserverie Furic au Guilvinec, l’usine Procanar à Vannes, la Compagnie Bretonne du Poisson à St Guénolé.
Polyvalent, l’artiste Steven Mazé est aussi graphiste-illustrateur de profession. Ses spécialités : logos, packaging, architecture commerciale, illustrations, et dernièrement, du story-board (une compétence que l’on retrouve dans la manière dont sont cadrés ses dessins).
Son exposition Des poissons, des machines, des hommes… nous fait penser à un témoignage avec ces scènes de vie… un reportage graphique qui met les valeur les métiers de la mer. Il utilise principalement le pastel sur fond de papier kraft, avec un trait très dynamique, ce qui renforce l’impression de mouvement et de vie dans ses dessins
Interview de Steven Mazé
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je dessine depuis toujours, des croquis d’imagination et des bandes dessinées depuis mon enfance et mon adolescence, ce qui m’a conduit à des études d’arts appliqués dans une école à Paris, Penninghen (ESAG). Dans cette école on considère le dessin comme la base essentielle et indispensable de toute création graphique, ce qui m’allait très bien, parce que je voulais acquérir la meilleure maîtrise possible dans cette discipline. Après quoi j’ai commencé à faire des reportages graphiques en industrie, tout en travaillant en tant que salarié en agence de design, puis en free-lance; en parallèle je me suis mis à travailler avec la maison d’édition Aber, qui se consacre à la littérature en langue bretonne, dont je fais toujours l’essentiel des couvertures et des illustrations.
En 2009-2010 après une période difficile, j’ai décidé de travailler dans la conserverie de poissons Furic à St Guenolé pour m’immerger dans ce qui est un des thèmes principaux de mon travail personnel, l’idée étant qu’on ne connaît bien que ce que l’on vit. Ainsi je pouvais bénéficier d’un revenu régulier et d’une place de premier choix pour recueillir la matière dont j’avais besoin pour mes travaux, en évitant les clichés, en balayant mes idées préconçues. Depuis j’ai quitté la conserverie et je constitue un stock d’images, en continuant mon travail d’illustrateur.
Vous êtes aussi graphiste de profession.
En quoi votre métier influence vos créations artistiques ?
Le graphisme, le travail sur l’image de marque et la façon la plus pertinente de la traduire sur un plan graphique, est une discipline très exigeante qui apprend la justesse et la précision du langage graphique: il s’agit de bien dire ce qu’on a à dire, d’appliquer le langage approprié au sujet que l’on a à traiter. C’est un principe magique et universel, qui vaut pour les travaux de graphisme les plus arides et les plus ingrats, comme pour les travaux personnels les plus débridés.
Dans votre exposition « Des poisson, des machines, des hommes… », vous utilisez principalement le pastel sur fond de papier kraft.
Pourquoi cette technique vous plaît particulièrement ?
À la base je suis un dessinateur, et j’ai besoin de spontanéité et d’urgence. Les pastels à l’huile permettent de couvrir rapidement les surfaces tout en dessinant avec la couleur, dans la couleur, en s’affranchissant des contraintes laborieuses de la peinture, telles que la préparation des couleurs et des mélanges, la gestion du séchage parfois trop rapides sur les palettes, l’entretien constant des pinceaux… avec le pastel, j’ai des couleurs toutes prêtes, je compose vite, je fais les mélanges sur la feuille et j’évite que les couleurs ne se salissent entre elles.
Avec Le Kraft brun on part d’une couleur intermédiaire, une sorte de gris que l’on peut éclairer et assombrir, tandis qu’à partir d’une feuille blanche on rajoute de l’ombre, ce que j’adore faire également ! Je suis simplement plus à l’aise pour travailler la couleur sur un support déjà coloré que sur un support blanc.
Beaucoup de vivacité, de dynamisme, de mouvement … avec ces scènes découpées à la manière d’un storyboard …
Le cinéma vous inspire-t-il dans vos compositions ?
Être attentif et à l’affût pour saisir des instants charnières, capter les mouvements , les interactions entre les personnes, les situer dans un lieu, choisir un point de vue, cadrer, choisir ce qu’on dit et ce qu’on suggère et comment on le fait, faire des ellipses, monter.. tout ça est passionnant, la narration est passionnante, alors oui, le cinéma m’influence constamment lorsque je dessine. Ma façon de faire se prête bien, je crois, au thème que je traite dans cette exposition puisque je décris des processus de production industrielle avec leurs étapes; ainsi que je le disais en réponse à votre deuxième question, le graphisme m’a formé à faire les bons choix ! Des choix évidents, dans ce cas précis.Cette exposition est une aussi un témoignage avec des scènes de vie, une forme de reportage graphique qui met les valeur les métiers de la mer.
Pourquoi est-ce important pour vous de capturer ces moments et de les transmettre sous la forme dessins ?
D’une manière générale si l’on s’intéresse à la Bretagne, comme c’est mon cas, il est important de témoigner, de découvrir et faire découvrir ce en quoi elle constitue maintenant. Plus précisément, au sujet des métiers de la mer, ce sont des métiers actuels aux aspects multiples et qui changent. Il y a des gens, une économie, un environnement -naturel-industriel, ces métiers peuvent être durs parfois, passionnants aussi, et ils sont essentiels. À ce titre mon travail est un hommage. Un témoignage graphique c’est une image qui peut rester dans les esprits ou disparaître, si elle reste il faut qu’elle soit sincère. S’il peut avoir une dimension d’hommage, il doit avoir une dimension de vérité.
Quels sont vos prochains projets artistiques ?
J’ai d’autres expositions en vue, sur le même thème, dont une à Lesconil au mois de mai, je suis au salon des arts de Penmarc’h au mois de Juin, je travaille aussi sur des illustrations pour la version en breton du Magicien d’Oz, entre autre choses…
Je suis féru de musique métal, et je prépare également une série de dessins et de tableaux sur le sujet, dynamisme et mouvement seront convoqués pour l’occasion…
Informations pratiques
Dates : Jusqu’au 8 avril
Lieu : Galerie Keroman, 9 avenue de la Perrière, 56100 Lorient
Horaires : Du lundi au samedi (fermeture le dimanche et jours fériés), de 14 h à 18 h
Tél : 02 97 37 91 89
Sur le net : www.galeriekeroman.com
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