Alter Bridge a gravi depuis leurs débuts il y a quelques années les échelons de la notoriété un par un, et album par album, a grandement évolué musicalement, passant d’un rock alternatif un peu metal à un heavy mélodique très puissant, à tendance progressive. J’ai accroché pour ce groupe américain depuis leur troisième album ABIII (2010) et leur Live from Amsterdam sorti l’année d’après m’avait carrément bluffé, de par leur son assez unique et très grave, comme s’ils avaient trempé un temps dans le death metal le plus soft, et bien sûr leur avantage principal, celui d’avoir un chanteur exceptionnel (en plus d’un beau gosse genre Jim Morrison, voyez le genre…) en la personne de Myles Kennedy, qui accompagne aussi Slash (ex-Gun’s and Roses) dans ses tournées…

 

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Voici donc « Fortress », le quatrième album du quatuor survolté, et c’est peu dire que c’est leur meilleur effort à ce jour, et de loin. Leur style est à présent bien imposé, toujours avec ce son aussi unique et compact, et l’on sent une inspiration folle dans les riffs de guitare, les lignes vocales et les allusions prog bien plus nombreuses et délicates que par le passé… Un chef d’oeuvre ? Pas loin, en tout cas un gros coup de cœur pour ce disque qui ne quitte pas ma platine depuis plusieurs semaines….

 

Il y a tout ce que j’aime chez Alter Bridge, l’alternance puissance sonore/mélodies recherchées, une voix extraordinaire qui se dévoile et se bonifie avec les années, une rythmique de tueur et une sensation de bien-être à fredonner les refrains qui restent dans la tête (celui d’« Addicted to pain » est extraordinaire…). Cette voix de Myles Kennedy contribue sincèrement à la qualité de ce groupe et nous serons en extase devant la chaleur de « Lover » où son timbre prend un souffle, un murmure autant angoissant que sensuel, un « Piece is broken », où le riff principal résolument « djent », voir « death » rivalise de schizophrénie avec les choeurs du refrain, ou encore un « Calm the fire » où le chant du début en voix de tête ne cesse de dresser mes poils, surtout lorsque les mêmes notes sont reprises juste après en voix de poitrine, puissante et tellement torturée.. On pense de plus en plus au timbre de Geoff Tate à l’époque du génialissime Queensryche et ses albums mythiques dont bien sûr « Operation Mindcrime », (premier metal-opera jamais créé !), du moins jusqu’à « Promised Land », on retrouve la même chaleur de gorge et un souffle de tueur dans les aigus…

 

 

« Waters rising » nous montre à nouveau le côté glauque et torturé du groupe, un savant mélange « dark » à la Evergrey fusionné à la torpeur d’un Pain of Salvation… Grandiose ! On s’enfonce alors beaucoup plus dans les graves avec cette intro et ce couplet presque « death metal » dans « Farther than the sun » pour sauter sur un refrain folk et groovy, subtil moment musical qui ravit notre esprit ouvert à toutes les aventures…

 

 

Les musiciens ont aussi la part belle, la basse de Brian Marshall est compacte, fait corps avec la frénésie du batteur Scott Phillips, complètement collé au tempo, sur-inspiré, et les guitares de Mark Tremonti, inspirées elles aussi et majestueuses tant en rythmiques qu’en solo, illuminent nos esgourdes de mille sentiments, dans la douceur comme dans la technicité de son jeu…

 

Je reviens un peu sur le chant magistral et de haute volée sur « All ends well », titre qui porte bien son nom car « Fortress » qui clôture l’album est un petit bijou tout en finesse, avec une basse bien présente, une voix pour une fois grave et sensuelle comme seul Daniel Gildenlow de Pain of Salvation sait les transcender et une bonne structure progressive, non sans rappeler les excellentissimes Fair to Midland…

 



Un groupe complet donc, que je vous invite à découvrir les yeux fermés, une musique assez originale dans l’univers ultra-bouché du metal et donc un voyage musical hors du commun et positif… De l’énergie positive, ce dont nous avons tous grand besoin en ce moment….

 

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