Comme quoi en musique (comme en tout art), on peut changer de perception à tout moment, malgré le fait d’être confiant en ses goûts et ses envies. Fan de Pain of Salvation depuis leurs débuts avec l’album  » Entropia « , j’ai été surpris comme beaucoup de l’album Road Salt I, très épuré, avec ce son brut, presque « garage », sans effets, cette voix distordue, et pas progressif pour un sou. J’ai vite laissé tombé et n’ai même pas pris la peine d’écouter le II à sa sortie en 2011. Mais le 25 novembre 2011, j’étais à Lausanne et j’ai vu Pain of Salvation en 1ère partie d’Opeth, et là… ça a été l’une des plus grandes claques de ma vie. Les morceaux de ces 2 derniers albums ont pris tout leur sens en live, avec tant d’émotions, tant de talent, tant de musique minimaliste et non moins riche ! Bref, j’ai acheté ces 2 CD la semaine suivante et je vous livre maintenant en détail pourquoi ils ne quittent pas ma platine depuis…

 

 

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Road Salt I commence avec  » No way « , titre bien groovy mais très brut, sans fioriture, du rock’n’roll saturé, le refrain « I Live  » repris par tout un public en live est saisissant. Le blues bien crade de  » She likes to hide  » laisse la place à  » Sisters « , un monument d’émotion…une tension, un instant en suspension, comme si on attendait une fêlure, musicalement proche des musiques d’Ennio Morricone, et la fêlure arrive avec l’émotion unique de ce chant déchiré de Daniel Gildenlöw, toujours entre la rage et la peur…

Un gospel dark  » Of dust  » vient s’implanter suivi d’un boogie limite joyeux  » Tell me you don’t know  » qui tranche avec ce qui précède. On continue dans la surprise avec   » Sleeping under the stars « , valse endiablée ou musique de cirque maudit que ne renierait pas Danny Elfman… La musique est de plus en plus inquiétante, le chant devient enragé et furieux, toujours à la limite de la folie jusqu’aux plus accessibles  » Linoleum  » et  » Curiosity « , où l’on retrouve un peu le Pain Of Salvation que l’on connaît.  » Road Salt  » calme un peu les sens avec sa belle mélodie toujours remplie d’émotion et de piano Rhodes (quel chanteur incroyable ce Daniel…). Quant à  » Where it hurts  » aussi noir que les paroles et le titre (…touche moi là où cela me blesse…), elle annonce le final apocalyptique d’  » Innocence « .

 

 

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Que dire de Road SAlt II si ce n’est qu’il est la suite logique du précédent, en un peu plus progressif et un peu plus torturé (non, vous n’aurez pas un  » Scarsick  » ou un  » Perfect Element « , ne rêvez pas !) mais le son est toujours aussi roots, le chant torturé, à l’instar d’un  » Softly she cries  » et son petit côté  » Kashmir  » de Led Zeppelin et ses envolées de cordes orientales, ou le très rock’n’roll  » Conditionned  » ou même du petit acoustique  » Healing now  » où l’on se prend à rêver au bon feu de camp avec les guitares sèches et les membres du groupe.

Une autre ambiance Ennio Morricone,  » To the shoreline  » vient nous ravir l’esprit (ah la voix grave de Gildenlow…) mais trop courte à mon goût. La suite est un peu plus développée, ce qui nous rappelle la maîtrise technique du groupe dans les structures rythmiques syncopées. La face A s’achève (oui, oui, c’est marqué sur la pochette !) avec une superbe mélancolie qu’est  » 1979 « , la voix est à pleurer et l’émotion toujours palpable. Je me suis d’ailleurs penché sur les textes de cette histoire, vu la noirceur de certains titres. Il semble que cela parle de l’enfance et de l’adolescence perdue, avec ses amitiés, ses amours, ses expériences, ses souffrances….

Face B pour finir ce périple de la Route de Sel, avec un  » The deeper cut  » et sa mélopée  » Into the wild…. Into the wild….  » répétée par Leo (batterie) et Johan qui reste bien en mémoire. Après tant d’émotions et de déchirements émotionnels,  » The Physics of Gridlock  » achève cette fresque westernienne, où quelques paroles  en français nous sortent de notre implication…  » je vous donne la misère… je vous donne la vie…. « .  » End Credits  » clôt l’histoire, final instrumental et symphonique étonnant, comme un ultime au revoir aux grandes plaines et aux déserts du  » Road Salt « .

 

 

On peut dire que Pain of Salvation nous surprend à chaque album, et là, plus que tous les autres… Plusieurs écoutes sont nécessaires pour apprécier toutes les subtilités de cette épopée qui aurait bien fait la bande-annonce d’un bon road-movie américain, mais torturé, à la David Lynch par exemple et son Mullholland drive….

Le clavier Fredrik Hermansonn et le guitariste Johan Hallgren (il faut voir le boulot qu’ils amassent aux choeurs…) ayant annoncé leur départ du groupe après la tournée, on se demande comment le groupe pourra se relever d’un tel coup dur, surtout au sommet de leur art….
Aurais-je fait cette chronique il y a 2 mois ou plus, j’aurais critiqué ces 2 albums en ignorant le talent de cette musique, j’aurais parlé d’inachevé, de manque, de non-abouti, d’expérimental…. si je n’avais pas pris la peine de m’y replonger… Alors je vous invite à en faire autant, et ne pas vous fier à la première écoute (ni la deuxième…)

Autres albums : Remedy Lane, The Perfect Element Part1, Scarsick (chef d’oeuvre !)

 

–  Site officiel : http://www.painofsalvation.com

 

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