A l’occasion des 40 ans du Festival Interceltique de Lorient et de l’année de la Bretagne, posons nos valises à Lorient pour découvrir cette ville assez récente mais à l’Histoire déjà bien étoffée.

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Histoire de la ville

L’histoire de Lorient ne commence réellement qu’en 1666 avec la création de la Compagnie des Indes Orientales par Colbert, c’est dire si la ville est assez récente finalement. La région, elle, était déjà peuplée auparavant dans les villages des alentours mais également dans des villes plus importantes à l’époque comme Hennebont, ville médiévale et Port-Louis où la situation exceptionnelle à l’entrée de la rade avait entraîné la construction d’une citadelle par les espagnols en 1590. D’ailleurs, à l’époque Port-Louis s’appelait « Blavet » du nom d’une des deux rivières qui se jettent dans la rade de Lorient. La ville prit son nouveau nom en 1618 en hommage au roi Louis XIII qui voulut en faire une ville fortifiée. Après une démolition partielle, la citadelle sera rebâtie et terminée en 1642.

tour de la decouverte lorient

La Tour de la découverte

En 1666, Colbert fait donc créer cette Compagnie des Indes Orientales pour concurrencer les puissantes compagnies anglaises et néerlandaises. Un chantier naval est donc créé à Port-Louis mais doit rapidement déménager de l’autre côté de la rade, à Lorient, par manque de place. Le nom de Lorient vient du premier navire qui y fut construit, « Soleil d’Orient » ; le nom s’écrivait L’Orient à l’époque mais au fil du temps l’apostrophe a disparu. La compagnie réalise donc du commerce avec les comptoirs installés en Inde avec un certain succès attirant ainsi un nombre croissant d’habitants (elle atteint 20000 en 1720). La ville se développe, le chantier naval s’accroît et des remparts sont établis. Cependant, la compagnie fait faillite un siècle plus tard (1753) suite au traité de Paris signé avec les anglais dépossédant la France de nombreux comptoirs indiens. Le roi achète le port en 1770 et y établit un arsenal royal. Une seconde compagnie prend néanmoins le relai de la première avec un commerce lié également avec la Chine mais aussi avec la traite des Noirs. La révolution française dissout la Compagnie en 1795. Napoléon fait alors de Lorient un port de guerre et la ville se développe autour de son arsenal et de la Marine. Un port de pêche est créé en 1920 qui fait de la ville aujourd’hui le second port de pêche de France en tonnage (le premier en valeur).

fregate arsenal lorient

Une frégate en construction dans l’arsenal

La ville connaît ensuite l’occupation nazie avec la création de la plus grande base de sous-marins du 3ème Reich. De 1942 à 1945, la ville subit des bombardements réguliers de la part des aviations anglaises et américaines ; au sortir de la guerre, elle est rasée à 90% et doit être reconstruite à la va-vite pour reloger les habitants. Malgré une architecture similaire, Lorient se distingue un peu de ses consœurs Brest et St Nazaire avec un ensemble plus réussi grâce à différents architectes qui ont utilisé la ville comme laboratoire d’essai artistique, même si cela peut paraître triste à certains endroits. Après une quarantaine d’années où l’industrie navale militaire tourne à plein régime, la ville doit faire face à une période de crise dans les années 90 avec la fermeture de la Base Sous-Marine, le départ de la Marine et la crise à l’arsenal. Les années 2000 voient beaucoup de transformations dans la ville avec notamment le réaménagement de la Base Sous-Marine en une zone dédiée à la navigation de plaisance (construction navale, production d’équipements pour les bateaux, pôle course au large réunissant plusieurs grands marins). La zone voit également la construction de la Cité de la Voile – Eric Tabarly, vaste espace de découverte de la voile. La Marine cède également à la ville l’Enclos du port, quartier entre le centre ville et l’arsenal où restent les rares vestiges du XVIIIème siècle.

Lorient compte aujourd’hui environ 60000 habitants sur une agglomération de 190000 habitants.

port de plaisance lorient

Le port de plaisance : situé en plein centre-ville, il offre un cadre agréable aux promeneurs.

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L’histoire du Festival Interceltique

Et le Festival Interceltique dans tout ça ? Et bien lui aussi suit l’évolution de la ville. Tout commence en fait en 1953 avec le Festival des Cornemuses qui avait lieu à Brest. Cette dernière souhaitait arrêter l’événement et le festival proposa à la ville de Lorient de bien vouloir l’accueillir. La chose fut acceptée et le Festival fut renommé « Festival Interceltique » et vit donc le jour à Lorient en 1971. D’abord cantonné aux traditions bretonnes et celtiques, le festival s’est ouvert aux différents styles de musique à sonorité celtique (rock, classique, folk, etc) ou d’ailleurs (musique africaine, corse, est-européenne). Le FIL comme on l’appelle communément a aussi voulu rassembler d’autres parties de la culture celte comme la littérature, la danse, la peinture et récemment le sport (course de voile Celtikup, course à pied 10 miles). Il a également accueilli de grand noms de la musique comme Alan Stivell, Carlos Nunez, Tri Yann, The Dubliners, Gaelic Storm ou encore Sinnead O’Connor.

Le Festival a évolué avec la ville au fur et à mesure des transformations de celle-ci (arrivée du Grand Théâtre, rénovation du Stade du Moustoir) et s’étale désormais du stade jusqu’au port de plaisance. Il propose de très nombreux spectacles payants mais beaucoup de concerts gratuits sont proposés sur les terrasses des bars et pubs de la ville ainsi que dans les pavillons des différentes nations. Il est aujourd’hui le premier festival de France en terme de fréquentation avec 700 000 personnes.

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A voir

L’enclos du port : cet ancien terrain militaire était autrefois le siège de l’Amirauté qui prenait ses quartiers dans l’hôtel Gabriel, rare bâtiment du XVIIIème encore debout. Ce bâtiment accueille essentiellement des expositions. Dans ce quartier se trouve également la Tour de la Découverte, l’un des symboles de la ville, construite en 1737 qui n’est pas un phare mais une vigie servant autrefois à la surveillance de la rade. Elle compte 216 marches pour 51 mètres de hauteur. Au pied de la Tour on trouve également deux moulins datant de cette époque. L’enclos du port offre également une belle promenade depuis le port de plaisance jusqu’au péristyle. L’avenir de ce quartier et comment l’intégrer à la ville sont en pleine réflexion actuellement au niveau de la municipalité. Un réaménagement complet est donc prévu dans les années futures.

vue sur lorient

Vue sur la ville depuis la Tour de la découverte. Au premier plan, l’Hôtel Gabriel et la place d’Armes. En arrière-plan, le centre-ville.

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* La Cité de la Voile Eric Tabarly : il s’agit d’un musée dédié au célèbre marin disparu et à la course au large. Elle présente de nombreuses animations et expositions et est également port d’attache des Pen Duick, les bateaux de Tabarly.

cite de la voile eric tabarly

La cité de la voile Eric Tabarly

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* La Base Sous Marine : composée de 3 bunkers impressionnants, la Base Sous Marine construite par les allemands pendant la seconde guerre mondiale est hors norme : 1 million de m3 de béton y ont été coulés. Il est possible de visiter l’un des bunkers ; la visite est à coupler avec le musée sous marin où l’on peut découvrir le sous-marin la Flore.

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La base de sous-marins

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* L’abri anti-bombes : cet espace situé sous la place Alsace-Lorraine servait d’abri lors des bombardements alliés pendant la seconde guerre mondiale et est visitable sur rendez-vous auprès de l’office de tourisme (places limitées).

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* La Thalassa : ancien navire scientifique, ce navire-musée vous fera découvrir l’océanologie et le monde de la pêche.

cite de la voile eric tabarly de nuit

La cité de la voile de nuit

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