RÉALISÉ PAR FRITZ LANG, AVEC : PETER LORRE, OTTO WERNICKE…
Synopsis :
Berlin dans les années 30 : un meurtrier rôde. Les meurtres d’enfants se multiplient, alors que l’angoisse et la paranoïa de la population augmente et que la police et la pègre mènent chacun de leur côté leur enquête. Chacun voit le meurtrier en son voisin et la pègre décide de trouver le meurtrier elle même afin d’échapper à la vigilance accrue de la police qui traque le meurtrier partout.
M le maudit n’est pas un film policier au suspense insoutenable car dès le départ Fritz Lang nous révèle l’identité du meurtrier en nous montrant son visage et en nous donnant son nom. Le réalisateur nous livre le personnage dès le début pour montrer ce qu’il provoque sur la société qui l’entoure. En effet Franz Becker, le tueur, va agir comme un détraqueur de la société, qui va briser l’équilibre social. La paranoïa augmente, tout le monde se méfie de tout le monde, on ne fait plus confiance à personne même à la police. De même, la pègre se sent menacée par les recherches intensives de la police et décide d’agir.
A travers son film, Fritz Lang dresse le portrait d’une société malade et agonisante, la société de la République de Weimar. Il montre l’échec de cette république où le peuple, la police, les institutions se déresponsabilisent et se renvoient tous la balle quand il s’agit de prendre une décision ou de rendre un jugement.
Il est question de justice, de responsabilité et de libre arbitre (et notamment de la perte du libre arbitre à travers le personnage du meurtrier, qui ne contrôle pas ses agissements). Alors qu’il est arrêté le meurtrier n’a d’abord pas le droit à un jugement dans les règles de l’état mais est face à un tribunal populaire où tous veulent sa mort sans se poser la question de savoir si cette homme et oui un non responsable de ses actes, aussi horribles soient ils. Tous appellent à la mort et à « l’extermination » de ce malade, un terme qui est non s’en rappeler celui des nazis quelques années plus tard, qui eux aussi prônent l’extermination pure et simple des handicapés et des malades mentaux.
Au delà de cela il y a la question de savoir où se trouve la limite entre bons et mauvais, et si cette limite existe vraiment en fin de compte. Lang montre que non, chaque personnage à sa part d’ombre, idée que l’on retrouve notamment à travers le montage et le cadrage. Les réunions de la police et celle de la pègres se ressemblent étrangement, comme lorsque les voisins et les gens dans la rue se retrouvent pour discuter et donner leur avis sur le meurtrier.
Cette idée rejoint celle de la duplicité qui est traitée dans le film. Duplicité du personnage qui oscille entre le petit bourgeois et le tueur, celle entre la police et la pègre. Le premier titre était d’ailleurs « les assassins sont parmi nous » ce qui renforce l’idée que n’importe qui et tout le monde peut être l’assassin, un assassin, cette idée est renforcée par le montage parallèle qui rythme le film. Le duplicité est également véhiculé par les effets de miroir et notamment les vitrines qui reflètent les intentions du personnage. C’est le cas par exemple devant l’armurerie où dans le reflet de la vitrine on peut voir une petite fille, ainsi désignée comme la future victime. Le visage du meurtrier se reflète également, encadré par des couteaux, le désignant comme le meurtrier, à capturer mais également piégé par sa folie. De même devant la librairie où M et une petite fille regardent une flèche bougeant de haut en bas et une spirale, qui peuvent représenter à la fois un symbole sexuel (la flèche étant le sexe masculin et la spirale le sexe féminin) mais également le couteaux qui s’abat sur sa victime. La spirale c’est également le destin et le fait qu’on ne peut y échapper. Enfin la duplicité c’est également la récurrence des ombres portées sur les murs qui la plupart du temps préviennent de l’arrivée du personnage.
Les ombres font également partie de l’esthétique particulière véhiculée dans le film de fritz Lang. En effet M le maudit rappel encore l’expressionnisme allemand avec le jeu des ombres, les contraste lumineux, l’atmosphère angoissante… Premier film parlant de Lang ; M le maudit paraît déjà très abouti en ce qui concerne le traitement et l’utilisation du son. Frits Lang ne montre pas les meurtres mais le spectateur associe ce qui n’est pas montré aux sifflements du personnage, de telle manière que Lang n’a nul besoin de montrer, le spectateur sait déjà. Et c’est encore plus efficace.