Kentin Jivek débute la musique à l’âge de 13 ans, suite à un voyage en Irlande où il achète sa première guitare. Cet auteur-compositeur-interprète possède des références littéraires et musicales multiples. Du côté de la littérature, il cite Edgar Poe, Arthur Machen, Jacques Cazotte comme références, tant que musicalement, il est inspiré par Brendan Perry (Dead can dance), Layne Staley (Alice in Chains), Leonard Cohen, le groupe Jane’s addiction (Dave Navarro), Nick cave, Tom Waits. Des couleurs musicales diversifiés (folk des années 1960 et 1970, folklore des pays de l’Est de l’Europe et d’Asie… chansons populaires mélodramatiques psychédéliques folk) associées à des textes travaillés définissent la musique de Kentin Jivek.
– 2008 : La maigreur élégante
L’album « La maigreur élégante » commence avec le morceau « It’s time to remember » dans une ambiance folk annonçant le ton de l’album. La voix… Le son des guitare, très sobre… Quelque part, cette chanson fait penser à l’unplugged d’Alice in Chains et à la voix de Layne Staley … »It’s time to remember » est suivi de la chanson « Amort », chanson en français, aux sonorités légèrement orientales, typées, exotiques et raffinées. Du côté du texte, la poésie est présente, et c’est une bonne surprise : alors que certains artistes cachent leur manque d’inspiration derrière des textes en anglais, kentin Jivek prouve ici qu’il est à l’aise dans les deux langues. On passe du romantisme de la chanson « Amort » à une chronique de la vie quotidienne folk « Mon banquier ». « Le monde est un 8 clos éternel » raconte de façon poétique, toujours de manière folk, l’histoire d’une rupture. Le morceau « No soy el preferido » nous entraîne dans une ballade mélancolique folk espagnole. Le rythme s’accélère légèrement sur la chanson « Hey Mr Big ! » qui se moque du monde des riches. « La maigreur élégante » est une chanson « baudelairienne » qui donne tout son sens à l’album : une musique folk et sombre, parfois légèrement tribale et expérimentale mais toujours en finesse, servie par un texte en français, aussi noir que subtil. Ensuite, « Recherche » raconte les exagérations et absurdités de la recherche d’un partenaire amoureux éphémère. « Milk » est une chanson folk d’une douceur obscure. Sur le morceau « Straropramen forever », le texte, très bien écrit, imagé, et la façon dont chante kentin Jivek font penser aux créations d’Hubert-Félix Thiéfaine. Des violons, presque tziganes, se font entendre sur le morceau suivant « The Kraken », chanson envoûtante… La sobriété musicale et le rythme tzigane folk, la façon de chanter, font penser à l’artiste Nosfell, aussi sombre mais moins torturé. Une musique douce et mélancolique prend la suite dès les premières notes de guitare de « Fuzzled and fuchsia », une chanson dont le romantisme sombre rappelle les chansons de Nick Cave.
– 2008 : Fuis-moi je te suis
Dans la continuité de l’album précédent, ce 8 titres « Fuis-moi je te suis » s’ouvre avec une chanson folk, en français, « Pomme croquée, trognon jeté ». Ce morceau est suivi de la chanson « Sylvia says », une ballade pop folk en anglais. Dans la chanson « Dans le puy », des bruitages se font entendre, renforçant de manière intelligente l’ambiance sombre de la chanson. Dans la chanson « Fuis-moi je te suis », le texte imagé, à la fois amusant et réfléchi, est autant chanté que récité et des slides de guitares donnent une ambiance blues à cette chanson réussie. Des notes de piano sans autre accompagnement commencent la chanson « You’re a myth » pour nous entraîner par la suite dans une ambiance légèrement « piano-bar ». « The noteworthy hunchback » met la guitare en avant ainsi que le piano, le tout dans un rythme entraînant et mélancolique. Les deux dernières chansons sont des reprises différentes de l’album « La maigreur élégante ». Du coup, le morceau « La maigreur élégante » (tiny version) prend une connotation presque médiévale, dans le rythme (guitare) et les instruments (violons) que l’on entend plus sur cette version. La chanson « Fuzzled and fuchsia » (version piano) est sublimée par la sobriété de l’accompagnement au piano…La première version était déjà réussie, celle-ci est tout aussi bien, voire même peut-être meilleure.
– Avec ses chansons populaires mélodramatiques, psychédéliques et folk, Kentin Jivek nous entraîne dans des univers sombres et romantiques, sans jamais trop en faire grâce à sa sobriété musicale et son originalité. Personnellement, j’ai préféré les chansons en anglais. Cependant, il faut reconnaître que certaines de ses chansons en français sont très bien écrites (cf « La maigreur élégante »). Cet auteur-compositeur-interprète est certes inspiré par des artistes (on retrouve une certaine ambiance dans ses chansons, celles des chansons de Nick cave, Tom Waits, Leonard Cohen…) mais il ne les copie pas. Parallèlement à la musique, autre bonne surprise, on peut également noter que la présentation graphique a été bien soignée avec la présence de visuels tout à fait en accord avec l’ambiance musicale des albums. Pour conclure, j’ai beaucoup aimé ces deux disques. Si vous aimez les artistes cités précédemment et la musique folk, laissez-vous tenter par la musique de Kentin Jivek, vous ne serez pas déçus.