One Hot Minute (1995) , l’album qui suivra Blood Sugar Sex Magik va mettre quatre ans avant de paraitre, la faute à une période trouble de la carrière du groupe.

 

En effet, les Chilis peinent à trouver un guitariste, et c’est finalement Dave Navarro, ex-Jane’s Addiction, qui rejoint le groupe. Malheureusement, Flea enchaîne maladie et dépression, et le groupe patine, pour finalement faire son apparition dans sa toute nouvelle configuration au festival de Woodstock 1994, livrant une prestation humoristique (têtes d’ampoule et perruque à la Hendrix) restée dans les mémoires des fans. Mais revenons au nouveau guitariste. Après son aventure RHCP, Navarro expliquera que avoir été avec Jane’s Addiction et les Chili Peppers, c’était un peu comme « faire l’amour avec deux femmes différentes ». Selon lui donc, le plaisir y était mais ce n’était pas la même chose. Pourtant, il faut dire que l’influence du guitariste a bien modifié le son du groupe durant cette période, et certaines chansons de One Hot Minute passeraient aisément pour des chansons de Jane’s…

 

Red Hot Chili Peppers One Hot Minute

 

Mais plaçons le CD sur la platine, appuyons sur « play » … Un étrange phénomène se produit. « Warped » : Des guitares plaintives se font entendre, accompagnée d’une basse discrète et d’une batterie en sourdine, et une voix obscure susurre des paroles inquiétantes, et sur cette ultime déclaration, « It’s warping me » …, une explosion chaotique plutôt portée vers le heavy metal bouscule nos oreilles trop habituées aux sons funky de « Blood Sugar Sex Magik ». Dans la suite de la chanson, la voix et la façon de chanter d’Anthony ressemble étrangement à celle de Perry Farrell, chanteur de Jane’s Addiction, et l’auditeur est déstabilisé. Passé ce premier morceau déconcertant, le reste de l’album est plus accessible mais souvent surprenant. On assiste alors à des ballades bien éloignées de l’esprit funky viril des premières années (le single « My Friends », « Tearjerker » ), où Anthony dévoile une sensibilité poussée à son paroxysme, et à d’autres chansons faisant fusionner des restes de funk avec les atmosphères lourdes, sombres, et parfois voluptueuses apportées par Dave Navarro.

 

Le style de Navarro est bien éloigné de celui de John, jamais le jeune guitariste junkie n’aurait apporté aux groupes des morceaux comme « Walkabout », sublime morceau jazzy aux ambiances feutrées, ou autres « Shallow Be Thy Game », « Coffee Shop », ou « One Big Mob » par exemple. Si Frusciante est loin d’être dépourvu de sensibilité, Navarro apporte de son côté la part féminine du groupe, en effet, il suffit d’observer la jacquette du CD, les photos de l’époque, pour se rendre compte que les Chili Peppers baignent alors dans une atmosphère ambiguë. Du côté purement musical, Flea délivre quelques formidables parties de basses, moins portées sur une débauche de slap, mais plus harmonieuses, Dave nimbe l’album d’un jeu riche et exubérant, Chad est impeccable et la voix d’Anthony bénéficie d’une production parfaite, la rendant cristalline et fragile.

 

–  Au final, « One Hot Minute » est un album controversé, mais un formidable contrepied (forcé) à BSSM, qui va diviser les fans. La suite de la période OHM n’est pas glorieuse. Accidents divers de Chad et Anthony obligeant à annuler des dates de concert, dispersions vers des projets solo, Flea rejoignant Jane’s Addiction pour sa reformation en 1997, autant dire que les Red Hot n’ont plus trop la tête à la musique et que pour beaucoup l’avenir du groupe parait incertain. Finalement, Dave quitte le groupe, et la place laissée vacante a beaucoup de raisons de susciter des rumeurs de séparation.

 

–  article précédent sur les Red Hot Chili Peppers – L’intégrale ( 3 / 6 )
–  suite de l’article Red Hot Chili Peppers – L’intégrale ( 5 / 6 )

 

(Article écrit par Systry)