En 1977, période d’explosion punk, parait un album que l’on m’a souvent cité en association avec le nom de Kraftwerk, fameux groupe allemand ayant pour fierté d’avoir tout simplement inventé le concept de musique électronique.

Le thème de l’album qui les a révélés (Autobahn), n’était autre que le voyage autoroutier, (avec la mécanisation de masse que cela implique)comme le signifie ce long titre éponyme de plus de 20 minutes, « Autobahn », assemblages de mélodies, de beats et de bruits divers, tels les moteurs des voitures qui vrombissent, etc. Pour Trans-Europe-Express, et c’est aussi évident que pour Autobahn, l’idée conceptuelle de Kraftwerk est celle d’un train parcourant toute l’Europe.

 

Kraftwerk Trans-Europe-Express

 

Bref, énoncé comme cela, rien de fascinant, à priori, et je vous l’accorde, mais la particularité de Kraftwerk est d’instaurer des ambiances captivantes qui retranscrivent à merveille l’univers évoqué. Adeptes du synthé, des samples et des bruitages robotiques, le quartet de Kraftwerk livre avec TEE (prononcez Ti-i-i) un assemblage de peu de morceaux, mais suffisamment longs pour capter l’attention assez longtemps. Le début en crescendo sur « Europe Endless » accueille doucement l’auditeur vers un morceau mélodieux et rythmé, suivi de l’hypnotique « Hall Of Mirrors », à la basse soit oppressante, soit rassurante, on ne sait pas trop en fait comment la comprendre, agrémenté au loin, en guise de percussions, d’un claquement régulier et assez inquiétant. Le tout servant d’accompagnement soit à la voix de Ralf Hütter, soit à un synthétiseur plutôt triste, un morceau marquant est né. L’auditeur pourrait à ce moment même, à la fin d’un long titre lancinant comme Hall Of Mirrors (7:54), ressentir des effets berçants, certaines mauvaises langues diront soporifiques, mais la suite s’avère plus rythmée. En effet, Kraftwerk enchaîne sur le dynamique « Showroom Dummies », puis sur deux autres morceaux qui ne font qu’un, et qui créent une sorte de transe frénétique de plus de 13 minutes, « Trans-Europe-Express » et « Metal On Metal ». Voici, dirais-je, et ce n’est sûrement pas par hasard, le morceau parfait à écouter tout seul, en train, dans un voyage de nuit, dans une couchette trop étroite. Ce morceau en effet parle du train Trans-Europe-Express inventé par Kraftwerk (« Leave Paris in the morning with TEE, … from station to station, back to Düsseldorf City ») et fait même un clin d’oeil à certaines rock-stars en pleine période allemande (« meet Iggy Pop, and David Bowie »), qui par ailleurs admiraient eux mêmes Kraftwerk. Cette transe (en espérant que le terme n’est pas trop excessif) est absolument le point culminant du CD, son morceau représentatif (d’ailleurs n’y a t-il pas un jeu de mot à distinguer dans le titre de l’album ?>> Trans(e)-Europ-Express ?).

Kraftwerk ramène ensuite les choses à une certaine accalmie avec le relaxant « Franz Schubert » (en hommage au compositeur ?) pour finir cet album dans un tourbillon sans fin de synthés commenté par une voix robotique qui dit pendant quelques 55 secondes : « Endless Endless ».

 

–  En bref, un album excellent des Kaisers de l’électro.

 

titres :

1. Europe Endless (Hutter/Schneider) – 9:40
2. Hall of Mirrors (Hutter/Schneider/Schult) – 7:54
3. Showroom Dummies (Hutter) – 6:13
4. Trans-Europe Express (Hutter/Schneider/Schult) – 6:52
5. Metal on Metal (Hutter)
6:43 6. Franz Schubert (Hutter) – 4:26
7. Endless Endless (Hutter/Schneider) – 0:55

–  J’ai noté que la version allemande comprenait quelques différences (à part celles des titres bien sûr), comme un morceau en plus, et un « Metall Auf Metall » raccourci (au bénéfice du titre suivant ?) :

1. Europa Endloss (Hutter/Hutter/Schneider) – 9:41
2. Spiegelsaal (Hutter/Hutter/Schneider/Schult) – 7:56
3. Schaufensterpuppen (Hutter/Hutter) – 6:15
4. Trans Europa Express (Hutter/Hutter/Schult) – 6:35
5. Metall Auf Metall (Hutter) – 2:10 6. Abzug (Hutter/Kraftwerk) – 4:53
7. Franz Schubert (Hutter) – 4:26
8. Endlos Endlos (Hutter/Schneider) – 0:46

 

(Article écrit par Systry)