En 1983, en Californie, dans la ville des anges, les quatre tarés qui envahissent la petite scène du Kit Kat Club pour interpréter « Out In LA », chanson aussi dézinguée que leur état d’esprit de l’époque, ne se doutaient probablement pas que 21 ans plus tard, ils seraient toujours là, et qu’ils auraient entre temps sorti 8 albums, et amassé des millions de fans qui iraient les voir non plus dans des petites salles intimistes, mais dans des grands stades rassemblant des milliers et des milliers de personnes.

 

The Red Hot Chili Peppers album

 

– The Red Hot Chili Peppers ( 1984 )

C’est avec des moyens très « underground » que sort le premier opus des Red Hot Chili Peppers en 1984, intitulé tout simplement « The Red Hot Chili Peppers ». On y trouve, comme dans tous les albums, Anthony Kiedis au chant et Flea à la basse, et pour ce premier album Cliff Martinez à la batterie, ainsi que Jack Sherman à la guitare. Ce premier album, au son qui sonne creux, à la pochette pouvant rivaliser avec les plus laides de l’histoire, marque une première empreinte discrète de la musique des Red Hot Chili Peppers dans les années 80. Une fusion efficace faisant se rencontrer le funk, le hip hop et le rock plutôt heavy permet aux Poivrons de nous livrer quelques titres très efficaces comme True Men Don’t Kill Coyotes, Baby Appeal, Police Helicopter, Green Heaven, Out In LA, ou l’épileptique Get Up And Jump, montrant bien à quel point Flea est possédé par le démon du groove. L’ensemble de l’album ( qui est produit par Andy Gill, ex Gang Of Four ) est plutôt chaotique, le son est loin d’être exceptionnel, et beaucoup de fans le considèrent comme un brouillon. Certes, une esquisse, mais qui laisse supposer que la suite pourra être vraiment funky ( si l’on ne se fie pas à Grand Pappy Du Plenty, le dernier morceau, bizarrement atmosphérique, comme pour calmer le jeu ) si les Red Hot parviennent un peu à ordonner leurs idées.

 

Red Hot Chili Peppers Freaky Styley

– Freaky Styley ( 1985 )

Presque un an plus tard, les Chili Peppers renouvellent l’essai. Tout en ayant changé de producteur (Andy Gill laissant sa place au déjà plus célèbre George Clinton, l’ « ours cosmique » fondateur de Funkadelic et de Parliament) et de guitariste (Hillel Slovak, grand fan d’Hendrix et ami d’adolescence de Kiedis et Flea, remplace Jack Sherman), les gars de LA restent fidèles à leur volonté de groover et d’entrée de jeu, balancent toute la sauce avec Jungle Man, le single énergique qui ouvre l’album. La présence tout du long de l’album d’une section de cuivres le rend le plus résolument funky de tous les autres albums des Chilis. Quelques perles parsèment le CD, comme par exemple Blackeyed Blonde, If You Want Me To Stay ( reprise de Sly Stone ), ou Catholic School Girls Rule ( pochade destinée à l’école catholique, voir le clip complètement délirant ), au milieu de très bonnes chansons comme American Ghost Dance, The Brothers Cup et ses cuivres excités, Sex Rap et ses paroles…mouais je préfère passer. Freaky Styley s’achève sur ce qui est pour les puristes sûrement un des meilleurs titres, le très bon Yertle The Turtle, symbolisant parfaitement, la symbiose entre cuivres, paroles rappées, et guitares rock qui faisait la recette RHCP de l’époque.

 

 

Red Hot Chili The Uplift Mofo Party Plan

 

– The Uplift Mofo Party Plan ( 1987 )

Là, c’est du sérieux. Cet album est mon préféré de la première période ( 1983-1989 ), pour plusieurs raisons. D’abord je suis né quelques jours après sa sortie, comprenez que je m’y sente encore plus attaché. Deuxièmement, Jack Irons rejoint les trois dingues, et la bande de lycéens est donc au grand complet pour nous offrir du grand cru Red Hot. Michael Beinhorn à la production fait un beau boulot, car The Uplift Mofo Party Plan a un son tout à fait puissant, largement au dessus du déjà assez excitant Freaky Styley. La preuve étant tout d’abord ce Fight Like A Brave tonitruant, l’archétype même du morceau qui dépote, et vous oblige instinctivement à bouger la tête, voire à vous la taper contre les murs à l’écoute du solo de Hillel Slovak, qui montre là son amour pour Hendrix, mais surtout les solos machos (humoristiques) et destructeurs. Si bien entamé, UMPP ne faiblit pas dans sa virilité avec l’enchaînement de Funky Crime, Me And My Friends ( classique du groupe sur scène ), et Backwoods, un morceau tordu et très sexuel. Bien sûr, à l’époque, personne ne reprocherait aux Red Hot Chili Peppers de ne pas faire dans la dentelle. Du coup, les quatre dingues ne se gênent pas pour en rajouter : Skinny Sweaty Man est à ce jour leur chanson la plus frénétique, Special Secret Song Inside ( qui était nommée Party On Your Pussy avant d’être censurée, le titre annonce tout sur le contenu, qui leur vaudra un petit « Parental Advisory » ) est sûrement leur plus sexuelle et leur plus débile, au niveau du sens, et Subterranean Homesick Blues ( originale de Bob Dylan ) leur reprise la plus débridée. Le rythme global, un peu ralenti par les indigestes Behind The Sun et Walkin On Down The Road, n’est plus relâché par la suite , comme le prouvent No Chump Love Sucker, et Love Trilogy. Bref, un très bon album, qui symbolise un certain détachement des Red Hot au funk ( je veux dire surtout par rapport à Freaky Styley, l’album reste très funky, mais pas autant que FS ), et une légère préférence pour le gros rock/rap qui tache ( je schématise bien trop ), bien jouissif.

 

–  Suite de l’article Red Hot Chili Peppers – L’intégrale ( 2 / 6 )

 

(Article écrit par Systry)